Présentation de la classe

  • Classe : 22 élèves de CP/CE1
  • Enseignante : Pauline Bonnier
  • Etablissement: école élémentaire Robert Baranne à Vernaison
  • Lieu de pratique de l’école dehors : espace naturel sensible des îles et lônes du Rhône, composé d’une mosaïque de milieux naturels : forêt alluviale, prairies humides, mares, lônes et du fleuve sur plusieurs hectares. Le site est géré par le SMIRIL. Un camp de base dédié à l’école du dehors a été mis à disposition des classes par la commune au cœur de l’espace naturel ; il comporte un cercle en troncs pour les temps de regroupement.
  • Temps de trajet jusqu’au lieu : 15 minutes
  • Fréquence : une sortie par mois environ
  • Date de démarrage du projet : septembre 2021 pour la pratique de l’école dehors au sein de cet établissement, et septembre 2023 pour Pauline Bonnier.

Déroulé-type d’une séance

  • Trajet jusqu’au lieu de l’école dehors
  • Passage aux sanitaires du gymnase
  • Météo des émotions
  • Présentation de la thématique du jour et activités autour
  • Jeu et exploration libre avec mise à disposition de petit matériel et un atelier “bricolage nature” proposé au libre choix
  • Cercle d’échange et de partage suite au jeu libre
  • Activité structurante et clôture de la séance

Présentation du projet de l’enseignante

Pauline Bonnier est arrivée dans cet établissement scolaire en septembre 2023 et s’est intégrée au projet d’école du dehors qui est porté depuis 2021 par les enseignantes de cycle 2 de l’école Baranne. Pauline découvre cette pratique de l’école du dehors aux côtés de Clara Croce, éducatrice à l’environnement à FNE Rhône qui a accompagné quelques séances dans le but de l’aider à mettre en place la pratique et d’enrichir le projet de ses connaissances des milieux et thématiques de l’environnement.

Quels sont ses objectifs pour l’année ?

Ces sorties répondent aux exigences du programme en “Découverte du monde” loin des manuels et des images vidéoprojetées. C’est une approche active et sensorielle de la nature environnante qui permet aux élèves de découvrir des activités différentes et de mieux mémoriser. La classe du dehors est un vrai prolongement de ce qui est vu en classe et permet de mieux ancrer les apprentissages grâce à la mémoire kinesthésique. En étant acteur de leurs apprentissages, les élèves sont ainsi poussés à la prise d’initiatives, une compétence souvent difficile pour de si jeunes élèves.

Nous développons également des compétences sociales grâce à cette pédagogie. En effet, les activités proposées favorisent toujours le travail de groupe. Ces instants de partage soudent le groupe classe et permettent une ambiance sereine. C’est également l’occasion pour moi de découvrir mes élèves dans leur globalité et d’apprendre à mieux les connaître. De nombreux élèves sont totalement différents entre les murs de la classe ou à l’extérieur.

Enfin, ces sorties en pleine nature sensibilisent les citoyens de demain à l’écologie et la préservation de l’environnement.

Quels sont ses questionnements / ses freins ?

Mes freins : mes connaissances pures sur ces questions sont finalement assez restreintes. Je ne me sens pas capable d’assurer des séances aussi riches que celles menées par Clara. Lors de les sorties en autonomie je suis donc plutôt sur des séances de lecture et de maths, certes très différentes de celles menées en classe mais loin des connaissances de Découverte du monde.

Un souvenir à partager ou un élément qui l’a marqué

La fabrication des embarcations dans le but de leur mise à l’eau fut un des moments magiques de cette année. Les élèves étaient très engagés dans la tâche et très fiers de leurs productions.

Un point « couteau-suisse de l’école dehors » proposé par l’éducatrice à l’environnement 

“Prendre son temps” : d’une part, prendre son temps pendant la séance d’école du dehors. Ne pas vouloir faire trop d’activités mais au contraire, donner aux enfants le temps d’expérimenter pleinement chaque activité et de vivre leur expérience de nature. Et d’autre part, se donner le temps à soi, en tant qu’enseignant, de mettre en place l’école du dehors. C’est à dire ne pas se fixer dès le départ des objectifs d’une séance d’école du dehors par jour ou par semaine, si on a besoin de prendre ses marques. Mais peut-être, démarrer par une séance par mois, le temps de s’outiller, de prendre confiance en soi, en sa classe, dans le dehors.

Journal d’une séance de l’école dehors

Vendredi 16 février 2024, matin

Sur la passerelle de lône, une élève a un héron

Nous sommes le dernier jour d’école avant les vacances d’hiver, la météo est plutôt douce pour la saison. Après quelques minutes de marche et un passage aux toilettes du gymnase, les élèves de la classe de CPCE1 de l’école Baranne, rejoignent la passerelle qui traversent la lône Jaricot pour pénétrer dans l’espace nature des îles et lônes du Rhône. Cet immense terrain de jeu et d’aventures a l’avantage de se situer à seulement quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de l’école Baranne. Au passage, Clara Croce, éducatrice à l’environnement, invite chacun à observer la lône, ce bras secondaire du fleuve, car elle abrite quantité d’espèces animales et végétales. Le groupe, accompagné de trois mamans d’élèves en plus de la maîtresse, Pauline Bonnier, avance encore quelques mètres avant de prendre place dans le cercle aménagé de troncs.

 

Les sacs à dos sont posés sur le tarp

Le tarp qui est rangé dans le caddy de l’école dehors est déplié pour que les sacs puissent être déposés dans un endroit sec.

Clara propose alors à la classe de deviner le thème de la séance. Elle fait passer à chacun trois sacs à toucher. Il faut toucher, deviner puis essayer de tenir sa langue pour que tout le monde fasse ses découvertes. Ensuite, les enfants sont invités à exprimer les sensations découvertes et à donner leur hypothèse de réponse. Dans le premier sac, “c’était un peu dur”, “c’était un peu froid”, “on pouvait l’attraper dans la main”, il s’agissait de glaçons. Dans le deuxième sac, “on ne pouvait pas l’attraper”, “c’était mouillé et doux”, il s’agissait d’eau liquide. Et dans le troisième sac, il n’y avait rien à toucher ou plutôt si, de l’air. Clara nous apprend alors qu’il y a de l’eau sous forme de gaz dans l’air qui nous entoure. Le point commun entre ces éléments, c’est l’eau bien sûr, notre thématique du jour.

Sur l’herbe, des gouttes d’eau sont accrochées

Clara confie alors une première mission aux enfants, celle de trouver une goutte d’eau et de l’attraper au bout de son doigt. Certains se penchent par terre pour chercher de la rosée alors que d’autres regardent sur les troncs d’arbre. Clara nous montre qu’en pressant la tige d’une herbe, une petite goutte légèrement verte se forme, il y a donc de l’eau dans les plantes. Ensuite, le groupe découvre l’histoire du voyage de l’eau que Clara leur conte, avant d’être invité à mimer ses différentes étapes : la pluie tombe, les plantes et animaux la boivent, l’eau ruisselle aussi dans les torrents et rivières puis se jettent dans les fleuves puis la mer, là où le vent et le soleil font évaporer l’eau qui, avec le froid finit par former des nuages, etc.

Jeu en équipe sur le cycle de l’eau

Grâce à cette histoire mimée et participative, Clara invite les enfants à prendre conscience du cycle naturel de l’eau. Pour formaliser ce savoir, un jeu est ensuite proposé par petit groupe. Des cartons représentant différentes étapes du cycle de l’eau sont distribués aux enfants qui doivent l’accrocher à leur vêtement puis se positionner en ronde en reconstituant ainsi le voyage de l’eau. Les adultes accompagnants sont dispatchés par équipe pour aider les enfants à former les rondes. Un temps de synthèse est proposé en classe entière.

Et c’est déjà l’heure du jeu libre ! Les consignes de base sont alors rappelées : prendre soin de soi, des autres et de la nature. Le petit matériel est mis à la disposition des élèves, livres, barquettes et boîtes loupes. La tisane est mise en place en libre service et Clara propose un petit bricolage nature de saison comme à son habitude. Cette fois-ci, cela consiste à permettre à ceux qui le souhaitent de créer des sucettes de graines et de graisse végétale pour les oiseaux. Chacun.e vaque alors à ses occupations. La tisane est bien appréciée par les enfants et les sucettes pour oiseaux deviennent une véritable œuvre d’art. Comme d’habitude, certain.e.s se lancent dans la construction de cabane, un jeu naturellement plébiscité par les enfants en classe dehors. Ensuite, c’est le cercle de partage où les élèves peuvent exprimer ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont aimé ou découvert : “on a fait des sucettes et c’est devenu un buffet pour les oiseaux”.

 

Après ce riche moment de partage et de créativité, Clara réunit la classe pour proposer une nouvelle mission : il s’agit de réaliser une embarcation flottante à mettre au fleuve pour connaître le sens du courant du Rhône et savoir où se trouve la mer. Les équipes se forment et partent collecter les matériaux adéquats à assembler pour créer leur radeau. Bâtons, tiges de lierre et de ronces, feuilles et autres éléments sont récoltés et les embarcations prennent forme, bien qu’il ne soit pas toujours facile d’arriver à faire tenir ensemble les éléments. Cette activité sensible vise à susciter des émotions et ainsi à favoriser le contact entre l’enfant et la nature. Elle a aussi l’avantage de demander patience et persévérance tout en permettant aux élèves de coopérer. Enfin, la classe est invitée à rejoindre la plage de galet, et à mettre à l’eau par équipe ses constructions. Tout le monde admire le Rhône et applaudit la mise à l’eau des bateaux des différentes équipes. Voilà une belle façon de clôturer cette séance à l’école du dehors. Ces enfants vont vivre encore plusieurs séances d’école dehors d’ici la fin d’année scolaire et partiront également trois jours en classe découverte au Bessat avec leur maîtresse. Il ne reste plus qu’à leur souhaiter bon vent et de vivre pleins d’autres aventures en nature. Rappelons que ces projets d’enseignement en plein air sont une opportunité pour les enfants de tisser un lien fort avec leur environnement.

 

 

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