La classe sur le lieu de regroupement

Présentation de la classe

  • Classe : 21 élèves de CE1
  • Enseignante : Stéphanie Bonnevay
  • Etablissement : école élémentaire Les Brosses à Communay
  • Lieu de pratique de l’école dehors : site naturel constitué de petites collines et creux, appelé crassier. Le sol du crassier est constitué des déchets d’une mine de charbon qui a été fortement exploitée sur la commune à la fin du 19ème et au début 20ème siècle. Le site, communal, est recouvert aujourd’hui d’une forêt de bouleaux, chênes et châtaigniers entrecoupée de petits chemins. Le lieu de regroupement de la classe dehors est situé au sommet d’une des collines et constitué d’un espace ouvert large bordé de forêt.
  • Temps de trajet jusqu’au lieu : 10 minutes
  • Fréquence : une sortie par mois environ
  • Date de démarrage du projet : durant l’année 2022-23, quatre sorties ont été organisées sur le site afin de découvrir un peu la pratique. Depuis septembre 2023, la fréquence de pratique est d’une séance par mois.

Déroulé-type d’une séance

  • Rappel des consignes et trajet jusqu’au lieu de l’école dehors
  • Demande de la permission d’entrer au « gardien de la forêt »
  • Installation des plots pour délimiter l’espace
  • Temps d’aménagement de son petit coin (seul ou en équipe) puis cercle de partage
  • Activités dirigées en lien avec les apprentissages
  • Bilan
  • Temps de sit-spot/mon petit moment à moi
  • Météo des émotions

Présentation du projet de l’enseignante

Stéphanie Bonnevay est enseignante et directrice de l’école élémentaire des Brosses. En 2022, elle a décidé de tester la pratique de l’école dehors lors de quelques sorties de proximité, comme certaines de ses collègues de l’école. Depuis septembre 2023, elle a engagé un projet de classe dehors plus régulier, avec une fréquence d’environ une sortie par mois. Elle est accompagnée dans ce cadre par Bertrand Claudy, éducateur à l’environnement au MNLE69 qui accompagne quelques séances aux côté de Stéphanie dans le but d’enrichir le projet de ses connaissances de l’environnement et de la pratique de l’école dehors.

Quels sont ses objectifs pour l’année ?

  • Instaurer des habitudes de travail et des rituels lors de l’école du dehors
  • Améliorer le comportement social, stimuler la capacité de coopération et de communication entre les élèves.

Quels sont ses questionnements / ses freins ?

  • Trouver des activités motivantes et variées
  • Avoir un adulte accompagnateur en plus de l’enseignant pour pouvoir sortir

Un souvenir à partager ou un élément qui l’a marqué

  • La motivation et l’engouement des élèves pour la classe du dehors
  • L’investissement et les réussites des élèves les plus en difficulté

Un point « couteau-suisse de l’école dehors » proposé par l’éducateur à l’environnement 

Pour s’offrir les meilleures conditions possibles de la classe dehors, il y a deux indispensables selon moi. Tout d’abord la matérialisation physique de l’espace de la classe dehors, je conseille de borner l’espace à l’intérieur duquel les enfants pourront évoluer. Cette limite pouvant évoluer d’une séance à une autre en fonction des activités que l’on souhaite développer. En milieu ouvert (type sous-bois dégagé, prairie, parc urbain), j’utilise des plots, pour des milieux plus fermés (type forêt dense), je favorise l’utilisation de rubans de rubalise à hauteur d’enfant. Cette délimitation physique apporte de la sécurité pour tous, enfants et adultes. 

Mon deuxième prérequis est l’investissement dans une bâche noire pour bassin (on en trouve pour environ 50 € les 12m² en jardinerie) dans laquelle je découpe des rectangles au format A3 ou A2. Ils me servent d’assise lorsque le terrain est très humide, de support de travail et même d’ardoise avec les crayons/craie. En 3 en, un outil très utile.

Au fil de mon expérience de classes dehors, ces deux outils sont ceux que j’emmène systématiquement en classe dehors.

Bertrand Claudy, éducateur à l’environnement au MNLE 69

Journal d’une séance de l’école dehors

Vendredi 16 février 2024, après-midi

Stéphanie Bonnevay est enseignante et directrice de l’école élémentaire des Brosses. En 2022, elle a décidé de tester la pratique de l’école dehors lors de quelques sorties de proximité, comme certaines de ses collègues de l’école. Depuis septembre 2023, elle a engagé un projet de classe dehors plus régulier, avec une fréquence d’environ une sortie par mois. Elle est accompagnée dans ce cadre par Bertrand Claudy, éducateur à l’environnement au MNLE69 qui accompagne quelques séances aux côté de Stéphanie dans le but d’enrichir le projet de ses connaissances de l’environnement et de la pratique de l’école dehors.

Les plots permettent de délimiter l’espace de la classe dehors

Une fois arrivé au pied du crassier, un enfant se charge de dire la phrase « magique », rituel d’entrée sur le lieu de classe dehors : « S’il te plaît, gardien de la nature, peut-on rentrer dans la forêt ? ». Les enfants disent avoir entendu une réponse positive. Stéphanie leur demande alors de faire le silence et de marcher en file indienne en écoutant les bruits autour de soi afin de rejoindre le lieu de regroupement. Arrivé au sommet du crassier, les élèves posent leur sac et se regroupent. « Qu’avez-vous entendu ? » leur demande la maîtresse. Certain.e.s ont entendu des chants d’oiseau, d’autres des bruits de feuille, le vent, leurs camarades ou encore le bruit de l’eau qui bouge dans le sac à dos d’un copain. Après cette mise en route, Stéphanie va placer avec ses élèves les plots qui délimitent l’espace de la classe dehors. C’est l’occasion de refaire un petit tour du lieu et de se remémorer les règles : rester à l’intérieur des limites, ne pas se mettre en danger (soi et les autres), revenir au son de la cloche qui est le signe de ralliement de la classe.

Puis Stéphanie propose à chacun.e de retrouver, seul.e ou par groupe, son petit coin nature ou d’en prendre un nouveau puis de l’arranger et l’aménager. Cette activité est reproduite à chaque séance et permet aux enfants de coopérer ou pas selon leurs besoins au cours d’une activité qui ressemble à la construction de cabanes. A cette occasion, une élève raconte : « maîtresse, j’ai fait une cabane dans mon jardin ». Après quelques minutes, Stéphanie Bonnevay rassemble ses élèves pour un court cercle de partage et introduit la première activité dirigée.

Elle explique : « pendant que vous aménagiez votre coin, je suis allée récolter quelques éléments naturels autour de nous, je les ai disposés sur une bâche pour en faire un tableau nature. Vous aurez 30 secondes pour regarder mon tableau et essayer de retenir, compter et observer les détails. Puis par équipe, je vous confierai une bâche pour reconstituer ce tableau à l’identique ». Au top départ, les élèves observent, concentrés et attentifs, puis partent en courant à la recherche des éléments. Il faut ensuite arriver à se mettre d’accord pour reproduire le tableau à l’identique. Puis tous ensemble, la classe va observer chacune des œuvres pour échanger sur les ressemblances et différences. La maîtresse félicite les élèves pour avoir cherché les éléments avec soin et tenté de faire au mieux.

Une seconde activité est organisée par l’enseignante. Cette fois-ci, après avoir mobilisé le sens de la vue, elle propose de se concentrer sur le toucher en supprimant la vue. Toujours par équipe, les enfants se bandent les yeux et se mettent en fil indienne après le meneur ou la meneuse qui les entraîne dans une balade à la découverte du lieu. Les chenilles se forment et commencent l’expérience. Il est difficile de garder le silence pendant cet exercice mais c’est tout de même une expérience intéressante puisqu’elle permet de se concentrer sur le sens du toucher et redécouvrir ainsi le sol et ses aspérités. C’est aussi l’occasion d’apprendre à faire confiance au meneur ; et pour ce dernier d’apprendre à guider les autres en prenant soin d’eux. Le temps de partage qui vient ensuite est vraiment intéressant, chacun partage ses ressentis et ses émotions, qui oscillent entre peur et joie. La maîtresse propose de réfléchir ensemble à ce qui pourrait être amélioré pour une prochaine fois : la locomotive pourrait aller moins vite, elle pourrait ne pas annoncer les obstacles à l’avance pour garder la surprise, les élèves pourraient faire le silence.

Sit-spot

C’est déjà bientôt la fin de la séance, il est temps de récupérer les plots, c’est l’occasion d’un jeu de course pour récupérer les plots par couleur et le plus vite possible. Pour terminer, le temps de sit-spot (littéralement « un lieu où s’asseoir ») est proposé. Il s’agit de rejoindre individuellement un petit coin, si possible le même que les fois précédentes, de s’asseoir en silence et sans interagir avec ses camarades et de prendre un temps pour observer et être dans le moment présent. Les élèves se prêtent à l’exercice avec beaucoup d’implication, on sent que cela leur fait du bien et qu’ils apprécient cette opportunité de rester seul un instant avec eux-mêmes. Cette activité est un outil de connexion à la nature souvent pratiqué en classe dehors.

Au son de la cloche, Stéphanie regroupe une dernière fois ses élèves pour que chacun puisse partager sa météo des émotions à l’aide de gestes simples (soleil, nuage, pluie) avant de prendre le chemin du retour. Ce projet de qualité se poursuivra tout au long de l’année. Il permet aux enfants de vivre et d’observer la nature au fil des saisons et de développer de multiples compétences. Les expériences de nature régulières s’impriment souvent comme de bons souvenirs dans la mémoire des enfants et c’est donc une chance de pouvoir les vivre même à l’école.

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