Présentation de la classe

  • Classe : 24 élèves de CM2
  • Enseignante : Véronique Bento
  • Etablissement : école élémentaire Romain Rolland à Givors
  • Lieu de pratique de l’école dehors : bords de la rivière du Mornantet. Milieux diversifiés : rivière, prairie, forêt, lieu empreint de naturalité malgré plusieurs coins où il y a des déchets. Pas d’aménagement du lieu spécifique, mais une cabane préexistante.
  • Temps de trajet jusqu’au lieu : 15-20 minutes
  • Fréquence : pour l’instant, la pratique n’est pas encore instaurée de façon régulière. Il s’agit de découvrir la pratique cette année.
  • Date de démarrage du projet : septembre 2023

Déroulé-type d’une séance

  • Trajet jusqu’au lieu de l’école dehors
  • Météo du jour de début de séance : comment je me sens aujourd’hui avec bâton de paroles
  • Jeu libre
  • Activité dirigée
  • Mon petit coin de nature / sit-spot
  • Bilan et météo de fin de séance : comment je me sens avec bâton de paroles

Présentation du projet de l’enseignante

Véronique Bento enseigne depuis quelques années à l’école élémentaire Romain Rolland. Avec ses collègues de CE2, CM1 et CM2, elles ont souhaité participer à un projet d’initiation à l’école du dehors, proposé par le SMIRIL. Cédric Bonvoisin, éducateur à l’environnement à S’ortie accompagne quelques séances aux côtés de Véronique pour lui permettre de découvrir et mettre en place la pratique. Une première sortie a été organisée en septembre 2023, il s’agit aujourd’hui de la seconde séance co-animée avec Cédric. Une troisième est également prévue en juin 2024.

Quels sont ses objectifs pour l’année ?

  • « Commencer à développer l’école du dehors ;
  • Initier des déplacements pour nos élèves ;
  • Me sentir plus à l’aise avec ce type de sortie. »

Quels sont ses questionnements / ses freins ?

« Pas de questionnements particuliers mais les freins restent la sécurité avec nos classes difficiles et aussi un manque de connaissances en ce qui me concerne. J’aimerais avoir le temps de m’informer plus et de me former davantage avant ce type de sorties. Le déroulement rythmé des séances est un point d’appui aujourd’hui. »

Un souvenir à partager ou un élément qui l’a marqué

« Deux élèves de ma classe ont volontairement détruit le travail de la classe de CE2 lors de la sortie de fin d’année au bord du Rhône. J’ai été très choquée par cela. A l’avenir, je pense mener un travail en amont. »

Un point « couteau-suisse de l’école dehors » proposé par l’éducateur à l’environnement

« Il y a de nombreux conseils que l’on peut donner afin de bien commencer un projet de l’école dehors. Le premier est simple, mais c’est de sortir, ne pas avoir peur de ne pas savoir faire. Souvent, les enseignants peuvent avoir peur de ne pas avoir assez préparé la sortie, de ne pas savoir identifier tel plante, tel animal… Mais le plus important est de SORTIR, le simple fait d’aller dehors va permettre de s’approprier le milieu, de se familiariser avec la nature et de donner envie aux élèves et aux enseignants de sortir de nouveaux. Ensuite avoir avec soit quelques boites loupes permettant d’observer ce que l’on trouve, animaux, noisette rongé, coquille d’escargot…. Et là encore, si l’on ne sait pas identifier, ce n’est pas grave, on apprend à observer, à écouter et à utiliser la nature comme un support d’apprentissage et de découverte. On pourra toujours prendre le temps après la sortie pour se renseigner sur telles ou telles espèces. »

Journal d’une séance de l’école dehors

Vendredi 24 mai 2024 au matin

Cette matinée d’école dehors débute sous un ciel plutôt clément. La classe de CM2 de Véronique Bento se dirige vers le lieu de classe dehors, situé à quelques minutes à pied de l’école. Situé sur les bords du Mornantet, cet endroit est un lieu magnifique où se mêlent forêt, rivière et prairie, bien que pollué par des déchets. En plus de la séance déjà vécue avec l’éducateur à l’environnement de S’ortie, Véronique a également proposé quelques séances de marche à pied vers la rivière du Mornantet. Le site commence donc à être bien connu des élèves.

Avant le départ, il est nécessaire de rappeler les règles de sécurité à respecter durant le trajet. Cédric et Véronique demandent aussi aux élèves d’être attentifs à leur environnement. Sur le pont qui traverse la rivière Mornantet, on observe des canards et on découvre quelques-unes de leurs caractéristiques. Cela permet aussi de se rappeler à quelle famille ces animaux appartiennent. Un peu plus loin, on observe des punaises qui se sont posées sur des plantes de la famille des ombellifères.

Puis la classe s’engage dans le petit chemin étroit qui longe la rivière où la végétation devient très dense. Pendant la marche, les élèves sont impressionnés par le nombre de limaces présentes sur le chemin. Certains ressentent un peu de dégoût et en même temps, peut-être une certaine fascination pour ces petites bêtes et leur environnement. Il semblerait qu’une majorité d’élèves ne soit pas habituée aux sorties de plein air, en dehors des sorties scolaires proposées par les enseignantes. Chez certains garçons de la classe, les discussions sur le trajet tournent d’ailleurs beaucoup autour de jeux vidéo qui semblent les passionner. Mais une fois sur le lieu, la magie opère progressivement et l’on peut voir leur intérêt grandir pour cet environnement naturel peu fréquenté bien que proche de chez eux. La maîtresse prend la parole pour inviter chacune et chacun à prendre du plaisir durant la séance, afin que ce soit un bon moment pour tout le monde.

Un peu plus loin, le groupe s’arrête pour observer les laisses de crue que Cédric a repéré. Il s’agit de tous les matériaux déposés par la rivière dans la végétation des berges lorsqu’elle était en crue. Les élèves sont surpris de voir jusqu’à quel niveau l’eau a monté quelques semaines auparavant, suite aux fortes pluies de printemps.

Ensuite, c’est le temps d’exploration libre du lieu. Entre la rivière et sa petite plage de galet et sable et la forêt, il y a de quoi s’occuper. Rapidement, les élèves se lancent dans diverses activités comme les ricochets ou encore la réalisation de constructions en sable. Ce moment est bien investi par les élèves. Certains ont trouvé de belles pierres sur la plage et se demandent s’il s’agit de pierres précieuses. Cédric leur explique que ce sont des quartz, un minéral bien présent dans le lit des rivières. Et il éclaire une des pierres avec sa lampe de téléphone pour leur montrer qu’elle est translucide.

Après cela, l’animateur raconte l’histoire de sa rencontre avec un animal mystérieux au cours d’une balade. La maîtresse sort alors les cahiers de classe dehors et chacun a pour mission de dessiner l’animal mystère décrit par Cédric. Puis il propose à chacun.e d’émettre une hypothèse sur l’identité de cet animal. Quelques photos de mammifères sont montrées : ours, renard, etc. Et il finit par montrer la photo de l’animal en question : c’est le blaireau. Les élèves sont alors invités à se demander si l’animal peut vivre dans cet environnement. A l’aide d’une fiche info sur l’animal, ils doivent chercher la présence de preuves que ce dernier pourrait habiter dans le coin : traces, empreintes, présence d’aliments composant son régime alimentaire, habitats.

A cette occasion, on trouve une belle chenille, il s’agit de celle du papillon le paon de jour. Au cours d’un cercle de regroupement, on fait le point sur les preuves trouvées. Surprise, un élève voit un petit animal dans un trou. Cédric le sort, c’est un petit crapaud commun, l’occasion d’observer et présenter cet étrange animal.

Et c’est le moment du sit-spot. Chacun doit alors se trouver un petit coin de nature et passer quelques minutes au calme dans ce lieu en étant attentif à son environnement. Lors du retour en cercle, chacun peut exprimer ses ressentis sur ce moment à soi. Les remarques dévient un peu sur ce que chacun a aimé ou pas durant la séance mais c’est assez intéressant de les voir s’exprimer. Véronique et Cédric trouvent que les élèves se sont plutôt bien prêtés à l’exercice. Il faut signaler que ce rituel de la classe dehors demande régularité et entrainement pour porter ses fruits. Pendant le trajet de retour, le groupe ne traîne pas car il y a un bel orage et nous rentrons tous trempés mais contents de ce moment à l’école du dehors.

Pour cette année scolaire, Véronique est plutôt dans une démarche de découverte de la pratique. Malgré son envie de faire classe dehors régulièrement, l’ambiance du groupe classe de cette année ne permet pas de se lancer dans une pratique régulière. De plus, elle aurait besoin de parents d’élèves pour accompagner ces sorties, ce qui n’est malheureusement pas souvent possible. Mais peut être que ces premiers pas donneront à Véronique l’envie de pratiquer la classe dehors auprès des futurs élèves qu’elle accompagnera.

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