Présentation de la classe
- Classe : 18 élèves de CP
- Enseignante : Laurie Domergue
- Etablissement: école primaire La Tour à Feyzin
- Lieu de pratique de l’école dehors : espace vert de quelques centaines de mètres carré situé au niveau du chemin de la Tour. Le lieu dispose d’une zone recouverte d’arbres et arbustes et d’une autre zone plus ouverte. Une partie de l’espace est en pente. Une spirale aromatique a été aménagée avec l’aide du SMIRIL dans le cadre de l’observatoire de la biodiversité.
- Temps de trajet jusqu’au lieu : 5-10 minutes
- Fréquence : un après-midi par semaine quel que soit la météo
- Date de démarrage du projet : septembre 2022
Déroulé-type d’une séance
- Trajet jusqu’au lieu de l’école dehors
- Rappel de ce qui a été fait lors de la dernière séance, rappel des règles à respecter et limites
- Exploration libre de 15-20 min
- Cercle de partage suite à l’exploration libre : qu’avez-vous découvert ?
- Organisation d’activités dirigées sous la forme de trois ateliers
- Temps d’écoute nature
- Cercle de clôture : qu’avez-vous aimé ? pas aimé ?
Présentation du projet de l’enseignante
Laurie Domergue participe au projet d’école du dehors porté par plusieurs enseignantes de cycle 1 et 2 de l’école primaire La Tour depuis deux ans. Avec ses collègues, elles ont pris l’habitude de préparer chacune à leur tour une séance hebdomadaire qu’elles adaptent ensuite selon leur niveau de classe. Elles ont déjà proposé une grande diversité d’activité autour du langage, du français, des mathématiques, des arts plastiques et des sciences. Suzanne Masson, éducatrice à l’environnement à FNE Rhône accompagne quelques séances aux côtés de Laurie dans le but d’enrichir le projet annuel d’activités et approches autour du monde vivant.
Quels sont ses objectifs pour l’année ?
La plupart des élèves de la classe ont déjà expérimenté l’école dehors l’an dernier lorsqu’ils étaient en GS. L’objectif est donc de poursuivre ce qui a été initié, en leur proposant une année supplémentaire à apprendre au contact de la nature. Avec peut être un peu d’ambition, j’aimerais que ce projet mené par mes collègues et moi réussisse à convaincre les parents de l’intérêt d’être à l’extérieur et d’expérimenter par le corps.
Quels sont ses questionnements / ses freins ?
Le plus gros frein, à mon sens, est le manque de conviction des familles dans le projet. En effet, rares sont les parents qui nous disent être enthousiastes (même après plusieurs mois de pratique) . Souvent, ils trouvent que c’est bien quand il fait beau, mais pas en hiver. Malgré un gros travail d’échanges et d’informations en début d’année, les parents restent souvent réticents. D’ailleurs, cette année, je n’ai eu de parents accompagnateurs que lors des deux premières séances. Ensuite, je suis sortie seule. Cela pourrait signer la fin du projet si je n’avais pas une classe de 18 élèves seulement.
Un souvenir à partager ou un élément qui l’a marqué
Lors d’une séance, les élèves, par groupes, devaient fabriquer une maison (en lien avec les maisons du monde travaillées en classe). Tous les groupes avaient terminé sauf un, qui ne parvenait pas à trouver suffisamment de branches et de bout de bois pour faire un tipi. Une élève a proposé de défaire sa maison sur pilotis pour leur donner des branches. Un autre élève a dit qu’il avait vu des branches sous l’arbre un peu plus loin, que ça pourrait éviter de défaire la maison sur pilotis. De là, une dizaine d’élèves s’est mise à aider le groupe pour trouver des bois pour finir le tipi. Une autre élève, pas toujours à l’origine d’initiatives en classe, est venue me demander mon tour de cou pour aider le groupe à faire tenir les bâtons et former ainsi le tipi. C’était un super moment, au cours duquel les élèves ont fait preuve de solidarité, d’entraide, mais aussi de « « débrouille » avec le tour de cou.
Un point « couteau-suisse de l’école dehors » proposé par l’éducatrice à l’environnement
Il y a autant de façons de faire de l’école du dehors que d’enseignant.e.s. Le principal est de se lancer, d’expérimenter et de profiter de cette expérience avec ses élèves pour construire et trouver sa façon de faire la classe dehors.
Journal d’une séance de l’école dehors
Jeudi 8 février 2024, après-midi
Cet après-midi, c’est dans un grand calme les élèves de CP entrent en classe pour un temps de dessin libre en attendant tout le monde arrive en classe. Puis Laurie Domergue, leur maîtresse, les invite à mettre leurs vêtements pour l’école dehors. Après un passage aux toilettes, les gilets fluos sont enfilés et le caddy de l’école du dehors est récupéré. La classe est prête à partir pour la classe dehors et l’on sent des élèves sont déjà bien rôdés aux rituels de préparation à l’école dehors.
Cette séance est un peu particulière puisque Suzanne Masson, éducatrice à l’environnement, rejoint la classe pour la deuxième fois de l’année afin de co-animer la séance aux côtés de la maîtresse. Habituellement, Laurie mène ses séances de classe dehors en autonomie, accompagnée parfois de parents. Après la courte marche d’approche, elle rassemble ses élèves au pied des escaliers et propose à chacun de se rappeler ce qui est différent de la fois précédente, une des élèves s’exprime « avant il faisait froid, et aujourd’hui il fait chaud ».
Puis Laurie présente la consigne à garder en tête durant le jeu libre : chacun.e doit trouver deux cailloux différents. Les enfants s’éparpillent alors dans l’espace et vaquent à leurs jeux. Rouler dans la pente, grimper en s’accrochant aux arbustes, observer et explorer, le tout dans le calme et la bonne humeur. Quelle joie de voir les élèves rouler dans la pente sans aucune gêne ! Parce qu’à l’école du dehors, on a le droit de se salir puisqu’on a les vêtements prévus pour ça. Bien que l’environnement naturel ne soit pas d’une grande diversité, ni l’espace très vaste, le lieu de classe de dehors a le mérite d’offrir des possibilités de jeux variés. Au loin, les cheminées de la raffinerie et les usines de la vallée offrent un paysage industriel.
Lors du temps de partage, chacun.e peut ensuite présenter ses trouvailles. Les petits cailloux sont exposés. C’est l’occasion d’une activité de langage sur les contraires : doux/rugueux, pointu/arrondi, petit/grand. Laurie permet à tout le monde de s’exprimer. Les cailloux sont ensuite mis dans une barquette afin d’être ramenés dans le coin nature de la classe pour être observés les jours suivants. Suzanne prend ensuite la parole pour demander aux enfants de se remémorer ce qu’ils avaient pu faire ensemble lors de leur première rencontre. « On avait fait le squelette des feuilles » s’exclame un enfant. C’est l’occasion de se remémorer les mots nervures et tiges pour décrire les feuilles. « Avec maîtresse, on devait trouver des insectes ». Et il fallait aussi faire une œuvre (mandala) avec les feuilles. Cette fois-ci, Suzanne propose trois ateliers sur les arbres, deux à faire en demi-groupe puis un tous ensemble.
L’atelier sur la vie de l’arbre permet de questionner les élèves sur leurs représentations puis d’apporter quelques connaissances sur le sujet via différents jeux. D’abord, les élèves plongent leurs mains dans des sacs à toucher les éléments de l’arbre. Feuilles, écorces, bâtons et fruits sont palpés et nommés. Mais au fait, ça sert à quoi l’écorce ? L’un dit « Ça sert à vivre » et une autre « c’est la peau de l’arbre ». Et le fruit de l’arbre, ça sert à quoi ? « C’est sa nourriture » dit l’une « mais non, c’est la terre, l’eau et le soleil sa nourriture » dit un autre. « Ça sert aux animaux pour manger » dit un troisième. L’éducatrice explique que les fruits sont en effet mangés par les humains et les animaux mais ce n’est pas pour cela que l’arbre produit des fruits. Elle demande alors aux enfants ce que contiennent les fruits et ceux-ci pensent alors aux noyaux et aux pépins. Ils découvrent qu’il s’agit de graines qui permettent à l’arbre de faire de nouveaux arbres. Ensuite, un mime de l’arbre est proposé afin de se représenter en mouvement les différentes parties de l’arbre et son fonctionnement au fil des saisons. Pour finir, les élèves essaient de trouver des graines autour d’eux.
L’atelier sur l’âge des arbres débute par une question : comment sait-on l’âge d’un arbre ? Les élèves émettent tout un tas d’hypothèses. Puis Laurie leur montre une rondelle de tronc d’arbre. Une élève finit par dire que les ronds (nervures) représentent l’âge de l’arbre et que l’on peut beaucoup, ce qui veut dire qu’il est assez vieux. Les enfants essaient alors d’imaginer l’âge du grand arbre qui se trouve à quelques mètres. Ils proposent aussi de l’encercler pour voir s’il est large et de comparer avec d’autres arbres proches. Un jeu de miroir est ensuite proposé par binôme pour observer la cime des arbres qui se trouve dans le coin nature. C’est un jeu qui nécessite une bonne coopération entre les d’élèves pour arriver à se promener tout en regardant dans le miroir et tout cela sans tomber. On partage ensuite ses impressions : « j’avais la tête dans les arbres », « j’ai senti que le ciel c’était le sol », « j’avais l’impression que je volais ». Pour finir, l’empreinte d’une feuille ou d’une écorce est réalisée sur du papier à l’aide d’une craie grasse.
Lors du dernier atelier, toute la classe a pour mission de décorer l’arbre de son choix à l’aide d’éléments naturels. Ces derniers sont récoltés et collés avec de la colle naturelle fabriquée par Suzanne avec de la farine et de l’eau. Tout le monde participe avec entrain. Mais c’est déjà presque la fin, il est temps de faire le temps d’écoute nature, chacun.e dans son petit coin, puis de rentrer à l’école pour faire le bilan de cette séance. Il est vraiment remarquable de constater la qualité d’écoute, la coopération qui règne au sein du groupe classe pendant l’école dehors et de voir des élèves vraiment à l’aise dans leur classe dehors. Bravo à Laurie Domergue ainsi qu’aux enseignantes de l’école la Tour qui font vivre ce projet d’école dehors à leurs élèves avec application et régularité.