Présentation de la classe
- Classe : 6 élèves de niveau cycle 2 et 3
- Enseignant : Pierre Duret
- Etablissement : Dispositif Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (DITEP) des Eaux Vives à Grigny
- Lieu de pratique de l’école dehors : Parc du Rhône, espace de verdure sur les berges du Rhône et espace naturel sensible des îles et lônes du Rhône. Le parc du Rhône est un parc municipal tandis que l’espace naturel sensible est géré par le SMIRIL. Le lieu de regroupement de la classe au sein du parc du Rhône est constitué de vastes prairies et d’espaces boisés, ainsi que des berges du fleuve Rhône. Du côté de l’espace nature, une diversité de milieux humides sont à disposition : mares, lône, forêt alluviale, prairie.
- Temps de trajet jusqu’au lieu : 5 minutes
- Fréquence : une sortie tous les quinze jours environ
- Date de démarrage du projet : année scolaire 2021-2022, avec des fréquences variables selon les années et les élèves
Déroulé-type d’une séance
- Trajet jusqu’au lieu de l’école dehors
- Installation des plots avec les élèves pour délimiter l’espace
- Ateliers dirigés
- Moment mon petit coin de nature
- Cercle de partage
- Jeu libre
Présentation du projet de l’enseignant
A partir de l’année 2021-22, Pierre Duret a commencé à sortir de façon assez régulière avec certains de ses élèves, parfois accompagné par des éducateurs à l’environnement ou une coordinatrice pédagogique du SMIRIL. La pratique s’est poursuivie avec la classe l’année suivante. Pour l’année scolaire en cours, Pierre a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt du SMIRIL pour bénéficier de l’accompagnement de Bertrand Claudy, éducateur à l’environnement au MLE 69. A travers ces séances co-animées avec Bertrand, l’objectif était de mettre en route, d’enrichir le projet annuel et de structurer la pratique. Pour cette année, l’objectif est de travailler la coopération entre les élèves qui présentent chacun des besoins spécifiques. Pierre essaie de proposer des sorties régulières les lundis après-midi à son groupe d’élèves en tenant compte des différents rendez-vous thérapeutiques. Il est accompagné durant les sorties par les éducateurs du DITEP compte-tenu de l’accompagnement dont les enfants ont besoin.
Quels sont ses objectifs pour l’année ?
L’objectif de cette année était de poursuivre le travail engagé les années précédentes, à savoir pratiquer « l’école du dehors » régulièrement, mettre en place des rituels, tout en insérant de la nouveauté pour les élèves. L’objectif de travailler autour de la nature était prioritaire, en lien avec les compétences scolaires travaillées en classe. Il s’agissait de découvrir la faune et la flore que l’on pouvait trouver au bord du Rhône tout en faisant des parallèles sur des notions de mathématiques vues en classe, ou vocabulaire étudié.
Quels sont ses questionnements / ses freins ?
Les questionnements étaient nombreux du fait de l’hétérogénéité de la classe et de l’effectif présent pour ces temps. Le principal questionnement était d’être certain d’avoir les bons contenus dans la séance proposée (pour que les élèves se sentent concernés et qu’ils soient rapidement dans la séance) et le bon découpage (avec les différents moments décidés en amont avec l’éducateur) pour conserver leur attention. Si un élève, pour différentes raisons, ne participe plus à la séance ou à l’activité mise en place, cela peut avoir un impact négatif et rapide sur le groupe, d’où l’intérêt de conserver leur attention.
Un souvenir à partager ou un élément qui l’a marqué
Sur ces temps les enfants sont très souvent complètement dans les activités et les apprentissages. Ils sont concentrés, intéressés et curieux. Le souvenir intéressant selon moi est que sur ces moments, un groupe classe se dégage, avec de l’entraide, de la solidarité et une envie de former un collectif.
Un point « couteau-suisse de l’école dehors » proposé par l’éducateur à l’environnement
S’adapter, c’est le leitmotiv de la classe dehors !
S’adapter à la météo, au temps qui passe ou qui reste, au public, aux découvertes, aux digressions, à nos envies, à leurs envies, à l’imaginaire, aux surprises, aux imprévus, bref à tout ce qui fait la vie…
C’est souvent dans ces moments que l’on trouve le plus de joie et de sens à la classe dehors et pour cela il faut se donner le temps. Le temps de regarder, de faire, de commenter, de toucher, de discuter, de chercher, de patouiller, de partager…
Finalement, la classe dehors c’est s’offrir le temps de vivre les choses.
Journal d’une séance de l’école dehors
Lundi 18 mars 2024, après-midi
Lors de cet après-midi printanier, l’enseignant, deux de ses élèves et trois éducatrices du ditep rejoignent Bertrand sur les bords du Rhône. Depuis le début d’année, Pierre Duret, enseignant de la classe des « petits » au ditep, essaie d’instaurer avec sa classe des rendez-vous fréquents à l’école du dehors. Il faut dire que le ditep bénéficie d’un emplacement privilégié à proximité immédiate des berges du Rhône et qu’il possède en son sein un bel espace de verdure propice aux activités extérieures. Sa classe est habituellement composée de six enfants mais aujourd’hui, seuls deux sont présents car certains sont pris par d’autres activités.
Après les retrouvailles, le groupe se dirige vers le grand parc communal du Rhône, dans un bel espace de prairie bordé d’arbres. Bertrand place alors deux plots et indique aux enfants qu’il s’agit de la porte d’entrée de l’espace de classe dehors. Puis il invite un élève à positionner les plots qui délimiteront l’espace de classe. C’est l’occasion de se remémorer les limites de l’espace qui sera utilisé durant la séance. Bertrand propose ce rituel durant l’école dehors pour sécuriser adultes et enfants et définir des limites claires. Ensuite, il propose un jeu, celui de courir jusqu’au plot de couleur jaune puis au retour de rapporter un élément jaune trouvé dans la nature jusqu’au tapis noir. Ces petits carrés de bâches noir sont très pratiques pour servir de supports pour tout un tas d’activité dehors. La petite fleur jaune qui est récoltée par Medhi sert ensuite à Bertrand à lui poser une question: est-ce que cette fleur est vivante ? Ensuite, par un jeu de questionnement, il amène progressivement les éléments qui définissent ce qu’est un être vivant : être capable de grandir/se développer, de se nourrir, de se reproduire et de mourir. Puis il invite Medhi à collecter différents éléments naturels autour de lui et à trier ce qui est vivant et non vivant. Pour l’instant, c’est le seul à participer à l’activité car Ilan n’est pas encore disponible pour cela. Ensuite, l’éducateur propose aux enfants de leur apprendre à reconnaître parmi les êtres vivants, ce qu’est un insecte. Pour cela, il leur propose de créer un insecte sur le carré noir avec des éléments naturels. C’est l’occasion de découvrir la morphologie des petites bêtes et le vocabulaire associé : tête, antenne, thoras, abdomen, pattes en trois segments, ailes. Et sous la création, il invite les élèves à écrire leur prénom avec des éléments naturels.
Après, il est proposé de faire l’activité « mon petit coin de nature », comme lors des précédentes séances. La seule consigne c’est de rester tranquille dans son coin et de ne pas parler avec les autres. Ce temps semble très profitable aux petits et aux grands. Après cela, le temps de partage d’expérience en cercle est vraiment très intéressant et l’on peut ressentir que l’ambiance est zen. Ilan propose alors de faire un quiz alors qu’il s’était plutôt montré distant et récalcitrant jusqu’à alors. Les accompagnateurs se saisissent de l’occasion et chacun lance une idée que les autres doivent classer en vivant / non vivant. Ilan est très enthousiaste pendant le jeu. La participation des adultes dans les activités semble contribuer à les faire adhérer et participer. L’équipe du Ditep est bien mobilisée autour de chaque enfant pour que ces moments puissent se produire. Puis Bertrand propose de prendre un temps pour construire une cabane tous ensemble. Enfin, c’est le temps de la récompense, un temps de jeu libre avec la mise à disposition de casseroles et un accès aux jeux leur permet de finir la séance sur un moment très apprécié. Ils se précipitent alors pour réaliser une beau mélange dans leur casserole avec tout ce qu’ils trouvent autour d’eux et un peu d’eau du Rhône.
Ces séances demandent aux adultes présents une grande adaptabilité afin de se saisir de tout ce qui motive les enfants. Elles permettent aux enfants d’apprendre à se sentir à l’aise dans un environnement naturel et contribuent à leur bien être par le développement de leurs capacités motrices et de diverses compétences. L’école du dehors c’est aussi l’occasion d’aborder les notions du programme scolaire par des observations et expériences concrètes. Souhaitons-leur une bonne poursuite de projet et pleins de bons moments dehors aux enfants et aux adultes qui les accompagnent dans ce projet.