De janvier à juin 2021, une classe du DITEP (Dispositif Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) des Eaux Vives à Grigny a pratiqué l’école du dehors au sein de l’Espace nature des Îles et Lônes du Rhône. Iounès, Mathilde et Noah sont les trois élèves qui ont participé à ce projet pilote. Dans ce cadre, il ont été accompagnés par leur enseignante Adeline Jeuris, ainsi que par deux éducateurs Johana et Guillaume et par Julie, coordinatrice pédagogique au SMIRIL. Adeline nous présente ici le projet et ses intérêts.
Enfant marche sur un tronc

Témoignage d’Adeline Jeuris

Toucher le réel, apprendre à travers des expériences corporelles, sensorielles, sociales, voilà de quoi faire progresser tous les enfants et, me semble-t-il, une manière favorable pour faire des apprentissages en classe.

 

A plus forte raison pour des enfants qui peuvent avoir des difficultés d’attention ou à se représenter des concepts scolaires qui sont parfois très abstraits. Les enfants ont besoin, pour apprendre, de faire l’aller-retour entre le réel et l’abstraction.

Nous avions constaté lors d’une animation nature dans l’espace naturel des bords du Rhône, que mes élèves n’étaient pas disponibles, pas à l’aise, dans cet univers nouveau et pour certains très insécurisant. La nature, le grand air, les petites bêtes qui volent, les feuilles qui bougent, l’espace sans limites repérables autour de soi, ne sont pas pour tous immédiatement source de bien-être : il faut apprivoiser tout cela afin de s’y sentir bien. Et pour pouvoir, dans un deuxième temps, se risquer à y faire des apprentissages.

Après un échange avec l’animatrice et la coordinatrice pédagogique du SMIRIL, l’idée de faire l’école dehors nous a semblé judicieuse.

C’est quoi, faire l’école dehors ? Dans un premier temps, nous avons expérimenté cela une heure toutes les deux semaines : il s’est agi de donner aux enfants la possibilité de vivre leurs actions librement, dans l’espace naturel des bords du Rhône.

L’objectif est multiple :

  • permettre aux enfants de faire selon leurs propres élans, centrés sur leurs intérêts, et en sécurité, afin de leur apprendre à faire des choix et à mettre en œuvre ce dont ils ont besoin pour arriver à leurs fins, dans cet espace somme toute complexe ;
  • se confronter en douceur et selon le rythme de chacun à un lieu au départ inconnu, y prendre de l’aisance, afin de renforcer leur confiance en eux ;
  • prendre le temps de se poser dans la nature, qui apporte le calme et favorise la centration et la concentration, afin de bénéficier de cela à chaque instant, et singulièrement en classe ;
  • apprendre avec son corps en mouvement, afin de permettre un meilleur ancrage des apprentissages en général, y compris par la suite dans l’espace classe ;
  • faire des ponts entre le réel et les apprentissages scolaires, dans tous les domaines.

Nous avons fait le choix, du fait de la durée restreinte des sorties, de ne pas imposer d’activités. Les enfants avaient parfois la possibilité de réaliser une activité proposée par les adultes, mais toujours librement.

Les enfants sont vraiment partants, chaque vendredi, pour cette sortie rituelle : c’est un moment privilégié, qu’ils attendent. La pluie d’ailleurs ne les fait pas reculer… Et nous non plus ! On découvre à cette occasion que la nature, elle, aime la pluie… Et le principe de ces sorties est justement qu’elles se produisent quel que soit le temps : on apprend à faire avec… on se découvre différemment avec la température qui change… on observe le Rhône qui sort de son lit… on comprend d’où vient l’eau du fleuve… et on apprend du vocabulaire à toute occasion…

On suit donc la nature au fil des saisons, on observe, on questionne. Tout cela est repris au cas par cas en classe : on apprend des choses sur les coccinelles, le castor, la différence entre les corneilles et les corbeaux… on se nourrit des sorties pour nos séances d’art visuel. On amène avec soi un petit bout de nature qu’on garde en classe, ou qu’on amène à la maison…

J’ai pu remarquer que les enfants ont gagné en aisance dans ce milieu naturel au départ inconnu, et qui n’avait pas été très porteur, lors de la toute première sortie.  La poursuite de ces sorties au long cours doit pouvoir permettre de diversifier peu à peu les activités que les élèves entreprendrons, d’élargir leur espace de jeu et d’apprentissage, de développer leur capacité d’observation, leur curiosité, leur concentration… et de favoriser ainsi les apprentissages par la suite en classe.

Nous espérons continuer l’école dehors l’an prochain, afin de mener l’expérience plus loin…

Quelques photos et créations en art plastique réalisées par les élèves pendant le projet :

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